L’international et les Grandes Ecoles de Commerce

La place accordée à l’international dans le parcours des étudiants de Grandes Ecoles de Commerce est prépondérante. Tous les étudiants seront amenés à étudier ou travailler à l’étranger durant leur scolarité. Par conséquent, il est intéressant, pour les recruteurs ou leurs futurs collaborateurs, de comprendre en quoi l’international a façonné la scolarité de ces jeunes diplômés de Business School, l’importance des critères internationaux pour avoir le label Equis illustre cela.

Travailler à l’étranger pendant et après une Grande Ecole

Stage, contrat local, VIE : plusieurs formats existent pour travailler à l’international.

Faire un stage à l’étranger : un vivier pour les recruteurs français

Un passage en Grande Ecole de Commerce implique souvent un stage à l’étranger. Dans une interview que nous avons réalisée à Audencia en juin 2019, Natacha Ratiarison explique que l’école a décidé d’imposer un passage à l’étranger dès la première année pour « répondre aux besoins des entreprises » mais aussi « pour le développement personnel » car selon elle « il est indispensable d’être immergé dans ces environnements multiculturels ».

Les entreprises françaises courtisées à l’étranger

Étant encore en études, il est souvent difficile de trouver une entreprise étrangère qui reconnaît la formation. Par exemple, la classe préparatoire, formation peu connue à l’international et non diplômante, est, de fait, peu reconnue à sa juste valeur par les entreprises étrangères.

Ainsi, beaucoup d’étudiants se tournent vers les entreprises françaises ayant des activités à l’étranger car le processus de recrutement français reconnaîtra leurs formations antérieures et aura une vision souvent plus positive de leurs parcours.

Il est donc pertinent, pour une entreprise française, de mettre à disposition sur son site carrière des offres à l’international puisque la demande estudiantine est importante.

Le VIE en fin d’études : idéal pour capter les talents qui souhaitent travailler à l’international

Après leurs études, certains étudiants de Grandes Ecoles de Commerce s’intéressent au format VIE. Cela leur permet de partir à l’étranger pendant au moins six mois dans de bonnes conditions : facilités administratives et rémunération intéressante. Plus de 80 000 jeunes diplômés sont déjà partis dans le cadre du VIE.

L’enquête d’insertion 2018 de la CGE montre que 16,7% des diplômés de Grandes Ecoles de Commerce font le choix de commencer leur carrière à l’international contre 10% pour les ingénieurs.

Pourquoi les recruteurs doivent s’intéresser aux semestres à l’étranger

Beaucoup de Grandes Ecoles ont fait le choix d’ouvrir des campus dans différents pays. Sur ces campus sont formés des étudiants locaux, mais aussi des étudiants issus de PGE (Programme Grande Ecole) français qui souhaitent étudier à l’international sur un campus de leur école. Par exemple, SKEMA BS dispose de sept campus répartis sur cinq continents.

Partir sur un des campus de son école est très simple et souvent considéré comme un entre-deux (rester au sein de son école et partir à l’étranger).

De plus, les écoles nouent des partenariats avec de nombreuses universités réparties partout dans le monde. Par exemple, l’EDHEC propose 167 partenariats académiques dans 42 pays. Certains partenariats sont plus développés et permettent aux étudiants d’obtenir un double (voire triple) diplôme. Par exemple, les participants au parcours M2M HEC-Yale se verront titulaires des diplômes des deux établissements.

Pour les recruteurs ayant des activités dans les pays où les étudiants français étudient, cette présence à l’international se révèle être une véritable aubaine :

  1. Les recruteurs ne prennent pas le risque que le décalage culturel ne plaise pas au futur collaborateur car celui-ci a pu s’immerger plusieurs mois avant pour conforter son choix.
  2. Les recruteurs disposent de candidats ayant une connaissance des us et coutumes locaux, ainsi l’adaptation est largement facilitée et le collaborateur est rapidement opérationnel.
  3. Les recruteurs engagent une personne motivée et qui se projette dans cet environnement. En effet, il est souvent préférable de conserver un jeune talent qui souhaite rester sur place plutôt que d’envoyer quelqu’un n’ayant pas nécessairement d’appétence pour la destination cible.

Qu’est-ce qui motive les étudiants à partir à l’étranger durant leurs études ?

La découverte d’un nouvel environnement

Confronté à énormément de nouveautés, les étudiants qui reviennent d’une longue période à l’étranger sont traditionnellement transformés. C’est pour cette raison que de nombreuses écoles proposent (ou imposent) à leurs étudiants de partir dès le début de leurs études.

C’est un moyen unique de se confronter à de nombreuses réalités, jusqu’alors inconnues.

Kenan, étudiant à Rennes School of Business, en échange pendant un an à Cape Town témoigne dans une interview réalisée en Afrique du Sud par Major-Prépa. Son immersion dans la culture locale est une expérience unique, qui a modifié sa manière d’appréhender son avenir. Pour les entreprises ayant des activités en Afrique du Sud, son expérience est une réelle plus-value !

Aussi, encouragés par les administrations pour « sortir des sentiers battus », les étudiants en Grande Ecole ont la possibilité de partir faire de l’humanitaire (souvent dans le cadre d’une association de l’école) ou encore de mener un projet personnel, par un exemple un tour du monde sur les initiatives écologiques de consommation.

Depuis plusieurs mois, nous avons noté une croissance du nombre d’étudiants qui nous contactent pour donner de la visibilité à des projets de ce type, sur notre média spécialisé Business Cool.

L’apprentissage

Que ce soit dans une université, une entreprise, une association ou une autre structure, l’immersion dans une autre culture entraîne nécessairement une phase d’apprentissage (langue, culture d’entreprise, méthodes d’apprentissages, coutumes locales…) riche pour son propre développement.

Aussi, il ne faut pas oublier que la dimension internationale est très présente sur les campus français puisque de nombreux étrangers viennent y étudier et que beaucoup de cours, sinon la majorité, sont enseignés en anglais.

Les opportunités professionnelles

Les implantations des campus à l’international répondent à différentes opportunités. Les écoles se positionnent dans des marchés prometteurs et permettent à leurs diplômés une découverte depuis l’intérieur de ces environnements.

Par exemple, plusieurs écoles sont implantées au Maroc (ESSEC, emlyon bs, TBS) ou en Chine (NEOMA, SKEMA BS, Audencia, emlyon bs, KEDGE BS). Etudier sur un de ces campus, c’est se rapprocher des opportunités liées à ces pays dynamiques.

Pourquoi est-il important d’avoir conscience de cette dimension internationale pour recruter et conserver des jeunes diplômés ?

Réfléchir à ses processus d’entretien

Certaines entreprises refusent catégoriquement de considérer des candidatures pour lesquelles les étudiants ne peuvent être physiquement présents. Toutefois, selon le choix de parcours de certains étudiants et les possibilités proposées par les écoles, il est parfois impossible de passer physiquement ces entretiens.

Certains étudiants enchainent une période à l’étranger avec un stage en France. Pour ne pas perdre ces talents à cause de questions logistiques, il devient alors nécessaire de proposer des alternatives. Une expérience candidat peut être fortement abimée suite à la fin d’un processus de recrutement parce que le candidat est à l’étranger.

Voici une liste (non exhaustive) des avantages de l’entretien vidéo :

  1. Gain de temps : il est possible de réaliser les entretiens vidéo en différé (enregistrement des questions et des vidéos) afin d’optimiser le temps du recruteur et du candidat.
  2. Ne pas laisser échapper des talents : proposer aux candidats de réaliser un entretien vidéo c’est offrir la possibilité à un maximum de personnes (comme celles étant à l’étranger) de postuler.
  3. Donner une image dynamique à son entreprise : refuser catégoriquement un entretien vidéo (alors que c’est parfois l’unique solution) c’est prendre le risque d’envoyer un message négatif.

Notons toutefois que cela ne peut remplacer le contact humain souvent si important lors d’un recrutement, mais quand la vidéo est l’unique choix, il serait dommage de s’en passer.

Comprendre l’importance des périodes à l’étranger

Etudier, travailler, ou encore s’investir dans un projet à l’étranger peut marquer une vie à jamais et, en ce sens, doit être valorisé à sa juste valeur. Par exemple, l’association Bureau Humanitaire de TBS réalise un rallye humanitaire en Europe, aucun doute que les participants reviendront de cette expérience transformés.

Aussi, les immersions dans des universités partenaires sont parfois perçues comme des périodes moins intenses. Pour beaucoup c’est un moment décisif dans leur apprentissage qui façonne la personnalité du futur collaborateur. Il devient alors primordial de s’intéresser à ce type d’expérience.

Ainsi voici des thématiques qu’il serait possible d’aborder avec un candidat pour comprendre en quoi les périodes internationales ont façonné son apprentissage :

Stage à l’étranger, contrat local, VIE :

  • Quels impacts la culture locale a-t-elle sur le management ?
  • Quels sont les avantages à travailler dans cet environnement ?
  • Quelles ont été les plus grandes difficultés rencontrées par le candidat dans son travail ?
  • Est-ce qu’il aimerait retourner travailler dans ce pays ?

Etudier sur un campus ou mener un projet personnel :

  • Qu’est-ce que l’immersion a révélé sur la personnalité du candidat ?
  • Quelles sont les expériences qui ont le plus marqué son aventure ?
  • Qu’est ce qu’il aurait aimé savoir avant de mener ce projet ?
  • Quels conseils donnerait-il à une personne qui déciderait de faire la même chose ?
  • En quoi cette expérience est valorisable dans le monde du travail ?

Les écoles demandent à leurs étudiants d’analyser leurs expériences, prenons par exemple emlyon business school. L’école envoie ses étudiants post-classe préparatoire (540 élèves) pendant six mois, à la fin de leur année prémaster, et leur demande des livrables tous les mois :

  1. Premier livrable : analyser les premières impressions.
  2. Deuxième livrable : analyser les différences culturelles.
  3. Troisième livrable : comprendre comment la vie au travail reflète les valeurs de la société.
  4. Quatrième livrable : approfondir un aspect de la vie professionnelle (relations hiérarchiques, équilibre vie pro/vie perso etc).
  5. Cinquième livrable : réaliser une vidéo synthétisant les résultats des recherches sur le sujet choisi.
  6. Sixième livrable : travailler sur son projet professionnel en vue d’un premier rendez-vous avec le Career Center de l’école.

Une véritable analyse de leur expérience est demandée aux étudiants, afin d’en tirer un maximum d’enseignements et d’analyser comment cette expérience influence leur projet professionnel.

Parfois sous-estimés, les passage à l’étranger peuvent en dire beaucoup sur la personne que l’on a en face de nous, s’y intéresser c’est s’intéresser à ce qui a rythmé le quotidien de cette personne et a façonné qui elle est aujourd’hui.

Participer à une compétition mondiale pour capter les talents

Qui dit passage à l’étranger dit possibilité de vouloir y rester, d’aimer les lieux ou d’être courtisé par une entreprise locale. De fait, les étudiants ayant vécu une expérience à l’étranger sont davantage enclins à travailler à l’international, pour des entreprises françaises ou non.

Il devient alors primordial, si l’on souhaite capter ces talents et les engager dans le projet de son entreprise, de leur offrir des parcours et des opportunités de carrières compétitifs avec ceux proposés par les entreprises étrangères. C’est dans cette optique que beaucoup d’entreprises ont élaboré des VIE ou des Graduate Programs (témoignage de Camille, chez Mazars).

En somme, les périodes à l’international constituent des éléments clés dans l’apprentissage des étudiants de Grandes Ecoles. Une enquête que nous avons réalisée sur notre média Major-Prépa (pour les élèves en classe préparatoire) a montré l’importance accordée à l’international pour leur scolarité.

Nous avons posé la question :

« A quel point le fait que ta future école soit internationale est un élément important pour toi ? »

Les résultats sont sans appel, pour séduire les étudiants, les écoles de commerce se doivent d’être internationales : sur une échelle de 1 à 5 la moyenne est de 4,31/5 !

  1. Avant leur rentrée en Grande Ecole, les étudiants ont une vraie appétence pour l’étranger.
  2. Pendant leur scolarité ils doivent partir à l’étranger, cette expérience est obligatoire pour valider son diplôme.
  3. Après leurs études, ils sont presque 16,7% à partir directement travailler à l’étranger.

On peut donc voir l’importance accordée à l’international, cette volonté existe avant l’entrée en école et se matérialise pour beaucoup après leur diplômation dans leur travail. Ainsi, c’est un élément incontournable pour recruter ces profils.

Les chiffres sont clairs, l’international est un enjeu capital, les expériences passées se doivent d’être valorisée et les perspectives futures non négligées, sinon, cela serait prendre le risque de passer à côté de jeunes talents, ouverts sur le monde, ancrés dans l’ère du temps.