La marque employeur audacieuse de Mazars

Mazars, entreprise internationale présente dans 89 pays, emploie 3 800 personnes en France. Spécialiste de l’audit, du conseil, de la comptabilité et de la fiscalité, Mazars est un recruteur majeur pour les étudiants de Grandes Écoles. Avec un turn-over de 22%, caractéristique de l’industrie, Mazars prévoit d’employer plus de 1 000 collaborateurs en 2020.

Placée au cœur de la stratégie RH, la marque employeur de Mazars est portée par de nombreuses initiatives à l’instar d’une communication candidats éprouvée et des actions terrain travaillées. Entretien avec Mathilde Le Coz et Charlotte Gouiard, respectivement Directrice du recrutement, du développement des talents et de la transformation RH de Mazars et Responsable des relations écoles et du recrutement.

Une culture d’entreprise très marquée, un atout pour la marque employeur

Composante intégrante de la marque employeur, la culture d’entreprise de Mazars est appréciée. Loin du vernis marketing, Mathilde Le Coz affirme que « chez Mazars, nous avons une culture d’entreprise très particulière : les collaborateurs d’abord, les process ensuite. » Cette formule fait écho au leader charismatique Indien, Vineet Nayar, dont le livre publié en 2010, Employees First, Customers Second: Turning Conventional Management Upside Down, continue d’inspirer de nombreux managers.

Mathilde Le Coz soutient que « Mazars accompagne au maximum ses collaborateurs pour leur créer un parcours sur-mesure. Nous avons mis l’accent sur l’intrapreneuriat et c’est en effet assez cohérent. Mazars recrute des talents, cela serait une aberration de ne pas demander aux collaborateurs ce qu’il faut changer et de ne pas les encourager dans cette dynamique. On organise des hackathons en interne pour transformer certains process. L’industrie et les métiers se transforment. Nous proposons à nos collaborateurs d’être acteurs de cette transformation. C’est important pour le sens donné au travail. Avec ces initiatives, on peut vraiment laisser son empreinte. »

Plus petite que ses concurrentes, l’entreprise Mazars entend capitaliser sur sa taille pour impulser agilité et transversalité entre ses différents services.

Transmettre cette culture d’entreprise aux étudiants de Grandes Écoles

En plus des hackathons organisés en interne, Mazars implique des étudiants en leur faisant vivre une expérience Mazars. « Nous avons par exemple sollicité des élèves de l’ESSEC pour travailler sur l’avenir du métier d’expert-comptable. Cela nous permet de faire émerger de bonnes idées, mais aussi de faire connaître Mazars autrement que par une présentation en amphithéâtre. Ici, les étudiants rencontrent des collaborateurs. Ils découvrent les enjeux de Mazars et sont acteurs de la transformation puisque leur travail est présenté au COMEX », décrit Charlotte Gouiard.

Mazars a aussi développé un Voice Bot, en partenariat avec des étudiants de CentraleSupelec. Inspiré de Siri, il s’agit d’un jeu auquel on joue en parlant. Ce jeu permet de découvrir l’univers Mazars de manière ludique. Pour les joueurs les plus performants, c’est aussi l’opportunité de gagner des lots. « Ce qui est intéressant, c’est la collaboration entre les étudiants et nos équipes. Aujourd’hui, ce Voice Bot est présent sur les forums et on est fier de l’avoir conçu avec des étudiants » explique Charlotte Gouiard.

L’audit, un secteur délaissé au profit des métiers du conseil ?

Dans un article publié sur notre média Business Cool, il est mis en exergue que selon les enquêtes d’insertion de la CGE, « seulement 7,8% des diplômés d’écoles de commerce se sont dirigés vers l’audit fin 2017, contre 12% pour la promotion 2005 ». Ainsi, de nombreux étudiants, principalement issus des meilleures écoles, semblent privilégier les métiers du conseil. La rémunération est un des éléments qui explique l’attractivité du conseil.

Ce constat est partagé sur le terrain par Charlotte Gouiard. « Oui, c’est une réalité et c’est encore plus marqué dans les Parisiennes. Toutefois, nous recrutons toujours beaucoup d’auditeurs issus de Grenoble EM, SKEMA BS, Audencia BS et NEOMA BS ou encore Dauphine, car l’audit reste encore très valorisé sur un CV. Nous n’avons pas trop de difficultés à attirer des stagiaires étant donné que l’audit est toujours considéré comme un tremplin ou un accélérateur de carrière. Certaines entreprises privilégient une expérience en audit dans leur recrutement. »

Mathilde Le Coz enchérit, expliquant que « les clients apprécient la qualité de formation de nos auditeurs qui travaillent chez eux et c’est pour cette raison qu’ils recrutent par la suite des talents qui sont passés par l’audit. Nos clients voient la valeur de la formation que l’on apporte à nos collaborateurs et, en cela, nous sommes un véritable accélérateur de carrière. » Le passage en audit reste ainsi donc un véritable atout dans le parcours d’un étudiant de Grande École.

Le métier d’auditeur est en pleine transformation, une opportunité pour la marque employeur ?

Parfois perçu comme un travail qui regroupe beaucoup de tâches à faible valeur ajoutée, peu créatives ou répétitives, le métier d’auditeur est aujourd’hui en pleine mutation. Accompagné par la digitalisation de nombreux procédés, le métier se modernise. « Nous avons un gros travail à faire pour redorer l’image de l’audit. Certes, c’est un métier avec beaucoup de procédures et de normes, mais les nouvelles technologies accompagnent aujourd’hui la transformation et les collaborateurs ont un véritable rôle à jouer dans ce changement. Cela ouvre de nombreuses possibilités et va permettre à l’audit de regagner en attractivité. La communication a un rôle important », précise Charlotte Gouiard.

 

Les réseaux sociaux comme outil incontournable pour communiquer auprès des étudiants de Grandes Écoles

Parfois délaissés dans les stratégies de communication, les réseaux sociaux jouent aujourd’hui un rôle incontournable pour atteindre les étudiants. Ils permettent d’amener des messages de manière différente et de cibler au mieux les jeunes talents. La force de ces réseaux a bien été saisie par Mazars. Mathilde Le Coz soutient que :

« compte tenu de notre cible de recrutement, ne pas être présent et dynamique sur les réseaux sociaux serait une aberration. Cela revient à ne pas exister. »

Avec des communautés Facebook, Instagram, LinkedIn, Twitter et Snapchat dynamiques, Mazars a intégré le potentiel de communication de ces réseaux et adapte sa ligne éditoriale selon le réseau et la cible.

Selon Mathilde Le Coz, « depuis le début, Mazars a fait le choix d’être sur les réseaux sociaux, cela permet de toucher beaucoup de personnes, tout en contrôlant les moyens financiers mis en place. Il faut être audacieux, créatif, trouver le bon ton et trouver son public. On a fait des communications qui ont bien buzzé.

Le problème est qu’elles ont été reprises avec des tickets de sponsoring bien plus importants que les nôtres. Il faut par conséquent continuer d’innover sur notre communication. Pour cela on utilise les outils du marketing et sa méthodologie. Qui est notre cible ? Quels messages veut-elle recevoir ? Qu’est-ce qu’elle écoute ? Qu’est-ce qu’elle aime ? L’objectif est de faire des actions qui résonnent avec leur quotidien. Nous sommes à l’affût des tendances digitales afin de montrer à notre cible qu’on la comprend. »

Toutefois, si la communication sur les réseaux sociaux peut paraître, de prime abord, moins complexe qu’elle ne l’est véritablement, il est difficile de faire passer le message escompté.

Pour ce faire, Charlotte Gouiard explique que « Mazars a joué la carte de la transparence. Nous donnons la parole aux stagiaires. Ils ont accès à notre compte Snapchat. Sans filtre, ils peuvent publier ce qu’ils estiment être révélateur de l’ADN de l’entreprise. Le fait de ne pas filtrer est important ! Cela rend le message davantage crédible et sincère. »

En plus de Snapchat, Mathilde Le Coz note qu’Instagram est devenu un canal de communication majeur.

« C’est le réseau qui décolle ! Les attentes sont particulières sur ce réseau, notre audience souhaite connaître la vie de nos collaborateurs, voir l’envers du décor. Concrètement : ce qu’il se passe au sein de Mazars. En plus, cela a le mérite de rendre fiers nos collaborateurs. »

Mazars aime aussi prendre des risques, certains diront qu’ils débroussaillent la communication marque employeur par rapport à d’autres entreprises. « On fait des tests, parfois cela fonctionne, parfois pas. »  Parmi ces tests, on peut noter la participation à une web-série, avec le Youtubeur Maxime Musqua. Cette idée sera-t-elle reprise par d’autres entreprises pour leur communication marque employeur ? Seul l’avenir nous le dira ! Comme le souligne Mathilde Le Coz, ce qui est important « c’est de mesurer l’impact sur les réseaux. Pour cela il faut avoir les bons outils, définir des KPIs précis. Tout doit faire partie d’une véritable stratégie. »

L’importance des forums-écoles pour recruter

Si les forums des différentes Grandes Écoles permettent d’être visible auprès de la cible de recrutement, pour Charlotte Gouiard l’objectif majeur est de recruter. Pour ce faire, Mazars pré-qualifie directement les CV. Afin d’accélérer le processus pour les talents repérés sur le forum, l’entreprise offre l’opportunité, aux étudiants qui se sont démarqués, de passer directement leur entretien sur le forum, dans une cabine dédiée sur leur stand.

À la suite de cet entretien, l’étudiant saura si une offre lui est soumise ou non. « Nous essayons de lui envoyer une proposition le soir ou le lendemain. Tout doit aller très vite » explique Charlotte Gouiard. Elle souligne également l’importance de mettre en avant des collaborateurs, afin qu’ils parlent de leur parcours. Cela permet d’apporter des expériences concrètes et vécues aux étudiants.

Améliorer l’expérience candidat

Thématique récurrente, l’expérience candidat est au cœur des attentions de Mazars. Dans un contexte très concurrentiel, où les talents sont courtisés par de nombreux cabinets, dont les Big Four, l’expérience candidat se doit d’être irréprochable pour capter ces talents. Mazars reçoit plus de 40 000 candidatures pour 40 fois moins de postes.

De fait, il arrive que ce travail conséquent puisse submerger l’équipe des six recruteurs. « Le temps de traitement des candidatures peut être considéré comme un manque d’intérêt, ce qui est faux ! » souligne Charlotte Gouiard. Le chatbot SAM permet ainsi d’orienter les candidats et de les amener aux offres les plus adéquates : un gain de temps dans l’analyse des dossiers de candidatures. De plus, selon Mazars, il faut aussi permettre au candidat de suivre sa candidature de la même manière qu’il suivrait un colis Amazon.

Pragmatiques, Charlotte et Mathilde n’ont pas peur de s’inspirer des meilleures pratiques du marketing ou de l’e-commerce pour les adapter au recrutement. « Nous avons choisi de mettre en place un CRM candidats. L’objectif est simple : garder le contact avec les candidats, leur pusher du contenu interne, les inviter à des évènements ou encore leur envoyer les offres matchant davantage avec leur profil » explique Charlotte. « Ce qui est aussi très important c’est d’avoir de la data, sur la phase qui précède le recrutement, mais aussi sur celle qui intervient après. C’est assez difficile d’en obtenir et nécessaire pour améliorer nos process de recrutement. »

Aussi, Mazars compte développer son blog RH pour partager les insights de l’entreprise et apporter davantage d’informations aux candidats.

Les associations étudiantes comme ambassadeurs de la marque

Véritable levier de communication, les associations sont vues par les entreprises comme un moyen efficace d’apporter un discours différent, pour toucher les futurs collaborateurs. Mazars, en plus de travailler avec les administrations des écoles, a noué de très nombreux contrats avec ces associations. En échange d’un soutien financier, l’entreprise parvient à toucher les étudiants de manière informelle. « Ils ont beaucoup d’idées en termes de format et de contenu. On leur demande souvent ce que nous pourrions mettre en place pour toucher les étudiants. » Mazars noue des partenariats avec des associations aux profils divers : BDE, BDS, associations de débats… L’important pour Charlotte est « que l’association ait une bonne visibilité dans l’école, que nous ne soyons pas sur le même segment que nos confrères et que l’association corresponde à la Mazars Touch. »

En somme, Mazars a développé une véritable stratégie de marque recruteur, en s’appuyant sur les administrations des écoles, les associations, mais aussi sur une communication travaillée qui ose s’essayer aux nouveaux formats. Les réseaux sociaux jouent un rôle important dans la transmission des messages. Ils mettent en avant  la culture d’entreprise en apportant un maximum d’authenticité. L’entreprise n’hésite pas à être audacieuse pour se différencier. Cela lui permet d’atteindre et de capter les jeunes talents qui seront, pour certains, leurs collaborateurs de demain.